Rencontre avec A., Zouheir et toute la famille

Ce dimanche matin, j’avais rendez-vous avec l’émotion, avec la vraie vie.

La ville de Daryya avant et après la guerre

Enora B. est en classe de CM2 à Nort, Zouheir est dans sa classe (voir article sur Enora). Zouheir est un garçon syrien de 11 ans, plein de vie, souriant, un peu timide les premières minutes puis il échange volontiers.

Il est arrivé en France il y a deux ans en France. Je l’ai rencontré ce matin.
Par l’intermédiaire d’une référente de l’association 100 pour 1, j’ai eu le plaisir de rencontrer cette famille syrienne. Je pensais juste échanger sur l’exposé préparé par Enora sur l’action des Baroudeurs et la présentation de Zouheir sur son pays à la classe. En réalité, A., cette jeune mère de famille de 4 enfants s’est mise à me raconter leur histoire.

La famille m’a accueillie, un plateau de biscuits préparés par A. et un café nous attendaient sur la table du salon et dans le calme, A. a commencé son récit.

Originaires de Daryya, dans la banlieue de Damas, A. et son mari R. étaient parents d’un petit garçon, Zouheir. Vous pourrez voir des images de leur ville dans la vidéo jointe. R. qui a refusé de prendre les armes, a été envoyé en prison durant 4 mois. A. attendait leur deuxième enfant. Zouheir était petit, il a demandé qui était cet homme lorsque son père est rentré à la maison. La famille a alors décidé de quitter Daryya, c’était en 2012. Ils sont partis pour une ville à 2h de là qui n’avait pas été trop touchée par les bombardements. Il ont dû déménager de nombreuses fois en restant quelques mois dans tel endroit, jusqu’à ce que les bombes ne signent un nouveau départ.

Il se sont retrouvés en 2013 dans le camp de réfugiés de la Bekaa au Liban, dans des conditions précaires, mais sains et saufs. Ils y ont passé quelques mois avant de partir pour une ville à 2h de là où ils ont pu trouver un logement et du travail. En 2018, ils sont arrivés en France. Après quelques mois, ils ont été accompagnés par l’association 100 pour 1. Aujourd’hui la famille compte 4 enfants, Zouheir l’aîné en Cm2, M. en Ce1, R. en maternelle et M. qui a 1 an et demi.

A. et son mari prennent des cours de français, A. est très à l’aise, c’est un peu plus compliqué pour son mari mais il se débrouille très bien.
Zouheir joue au foot dans l’équipe du club, et les filles sont très dynamiques et coquettes et parlent très bien français.

Le reste de leur famille, les frères et soeurs d’A. et R., ainsi que leurs parents, sont d’abord restés au Liban, mais la crise économique libanaise ne cessant de croître, il n’était plus possible d’y travailler et de se nourrir. Ils ont choisi de revenir en Syrie, à Darrya dans la maison familiale détruite.

Le frère de R. a rebâti une chambre, une cuisine et une salle de bains, et commencé à cultiver du persil, de la coriandre et des fèves. Le quotidien est très difficile. Ses enfants ne sont pas scolarisés.
Zouheir a pleine conscience de la chance qu’il a de pouvoir aller à l’école. Son cousin et sa cousine lui manquent, surtout Saïd – son cousin dont le prénom signifie « rose » m’explique A. en riant.

persil, coriandre et fèves dans le jardin

Elle me montre volontiers une photo des deux enfants souriants qui posent pieds nus sur une mobylette avec en arrière plan les débris d’une maison détruite.


Toujours avec le sourire, avec beaucoup de retenue et de pudeur, entre deux émotions, l’espoir de leur nouvelle vie et la tristesse de l’état de leur pays.

Le petit M. arrive dans la pièce en riant, cela nous distrait de la dureté de la situation, je reste encore un moment avant de les remercier de prendre congé et de promettre de se voir prochainement j’espère, lors d’un goûter de 100 pour 1.

Après cette rencontre, la puissance de l’action des Baroudeurs est décuplée dans mon esprit. Ce ne sera pas suffisant, mais c’est tellement essentiel.

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